Échos des Freres |
B144-A7
Le premier écho que la « Dévotion à Jésus Crucifié » éveilla chez les Frères, nous fait remonter jusqu'à Fan 1906, date à laquelle la rédaction de cette prière fut achevée.
On en fête donc le premier cinquantenaire.
Il vaut bien la peine de nous y arrêter un moment.
Le Frère des Ecoles Chrétiennes ( Fratel Teodoreto ) qui accueillit en son coeur ce premier écho, se trouvait à cette époque, en Belgique, à Lembeek-lez-Hal, où il faisait son Second Noviciat.
Le 15 septembre il y conçut l'idée de fonder une association qui sera baptisée plus tard du nom de « Union des Catéchistes de Jésus Crucifié et de Marie Immaculée » et qui aura pour but de faire pratiquer à ses membres la vie chrétienne intense, en les faisant travailler à leur propre perfection; une oeuvre qui, tirant son origine de l'école chrétienne, ne se borne pas à exercer son influence pendant la période scolaire, mais qui prolonge son action pour toute la vie des anciens élèves, afin que ceux-ci soient préparés, au moment de la mort, à leur dernier et suprême examen, de manière à atteindre au degré supérieur qui nous est irrémédiablement nécessaire.
Sans cela, l'école chrétienne manque son but.
Le Frère Teodoreto fut à plus forte raison convaincu de cet échec auquel tout éducateur chrétien s'expose, lorsqu'il écouta une causerie faite le 15 septembre par le vice-président du Second Noviciat de 1906, Frère Anaclétus, au sujet des oeuvres de persévérance en général et de l'association Saint-Benoît-Joseph Labre en particulier.
Le regretté Fratel Benedetto, prodirecteur général de la Maison Généralice, fit lui aussi son Second Noviciat à Lembeek en 1906.
C'est de lui que nous avons reçu en novembre 1954 les notes qu'il prit lors de la causerie en question.
Nous sommes heureux d'en publier ici un extrait.
Pour le Frère Teodoreto la causerie de son supérieur revêtit l'autorité d'un ordre.
Il lui obéit, en fondant l'Union.
Samedi 15.9.1906, Conférence du C. F. Anaclétus, vice-président Oeurvres de Persévérance
1. Si l'éducation de la Première Enfance importe beaucoup, celle du Jeune Homme ( à la sortie de nos écoles ) importe bien plus encore.
Il faut des Oeuvres de Persévérance.
Autrement, notre action pour la Jeunesse ne suffit pas.
2. C'était la pensée de St. J. B. de La Salle.
Les élèves des Ecoles Dominicales étaient des jeunes gens recueillis en vue de leur instruction ( ce qui leur était très utile ).
Mais surtout pour … ( les raisons en sont beaucoup trop évidentes: c'est pourquoi elles sont omises ( N. du R. ).
Si ces Oeuvres étaient utiles du temps du Fondateur, d'autant plus le sont-elles aujourd'hui.
Quand un enfant sort des Classes Elémentaires, sa formation religieuse est tout à fait insuffisante.
Sans Oeuvres de Persévérance on fait peu ou point de bien.
L'Oeuvre post-scolaire est indispensable!
3. Dans telles villes … il y a des Frères depuis l'origine de la Congrégation.
Mais point d'Oeuvres de Persévérance.
Les Frères n'y exercent presque pas d'influence.
Dans telles autres, nous possédons une seule Ecole, et les Frères sont les maîtres : grâce aux Oeuvres! Les Oeuvres post-scolaires sont absolument nécessaires!
4. Léon XIII au T. H. Frère Joseph: « L'oeuvre des Patronnâmes est capitale.
En instruisant les enfants, les Frères n'ont rempli que la moitié de leur mission …
Sans les Oeuvres de Persévérance, presque tous les heureux fruits de l'éducation religieuse donnée dans les Ecoles Primaires, restent nuls » ( le 21.11.1884, conversât, de Léon XIII avec le Card. Mnssaja ).
5. Il faut faire mûrir dans les Oeuvres les fruits obtenus dans les classes.
6. Je n'entends pas seulement des Sociétés Amicales … J'entends les Oeuvres qui répondent bien au mot « Persévérance » : celles qui font vraiment persévérer les jeunes gens dans les pratiques religieuses.
a ) dans nos Internats ( omissis )
b ) dans les Ecoles Ordinaires ( omissis )
c ) parmi les jeunes gens les plus dévoués, on a fondé des Conférences de St. Vinc. de Paul ( omissis )
d ) une fois par an toutes les Oeuvres se réunissent dans l'Eglise
e ) Congrégations ( omissis )
Quelques-uns trouvèrent que la vie chrétienne n'est pas assez complète, généreuse dans les Oeuvres précédentes … 9 de ces jeunes gens décidèrent de fonder l'Association de St.-Benoît Labre … Association spirituelle: travailler énergiquement à sa propre perfection, en se soumettant à une direction spéciale qui les aide à lutter contre les lâchetés de la nature » etc … etc …
Laissant de côté tous les détails dont abondent ces notes, rédigées dans la langue française par le Frère Benedetto, une question se pose: quel rapport existe-t-il entre l'idée du Frère Teodoreto ( de fonder l'Union ) et la « Dévotion »?
Voyons un peu. C'est dans le courant de cette semaine de septembre d'il y a cinquante ans que le Frère Anaclétus doit avoir recueilli toutes les données et médité le sujet de sa causerie, en le mettant au point, au plus tard, le 14 septembre, car le lendemain il entretiendrait là-dessus ses Seconds-Novices.
Or, ce qui frappe très vivement notre attention, c'est cette coïncidence sensationnelle: précisément au commencement de la même semaine de septembre, un frère cônvers, Fra Leopoido ofm., cuisinier au couvent San Tommaso, à Turin, qui ne connaît même pas de nom le Frère Teodoreto, est en train de prier Jésus Crucifié pour savoir par quelles voies un moine, illettré, menant une vie cachée, parviendra à propager dans le monde entier la « Dévotion » … Fra Leopoido est inquiet, et pour cause, à ce sujet.
Et voilà qu'il entend alors cette parole ( c'est le 10 septembre 1906, lundi ): « C'est toi qui dois aiguillonner l'un et l'autre pour répandre cette « Dévotion ».
Il ne manquera pas de bonnes âmes qui viendront à ton secours.
Il faut que tu saches, mon enfant, que j'ai des frères laïques qui m'aiment beaucoup.
Si tu savais combien je les aime ! ».
Il s'ensuit que le Frère Teodoreto reçut en son coeur et à son insu le premier écho de cette Dévotion dans la même semaine où Fra Leopoido entendait la communication intérieure le prévenant que des frères laïques viendraient à son aide pour propager la prière aux cinq plaies.
Le Frère Teodoreto fut donc appelé par là à devenir le premier de ces Frères laïques en tant que promoteur de la « Dévotion à Jésus Crucifié » et fondateur de l'a Union des Catéchistes de Jésus Crucifié et de Marie Immaculée », laquelle se chargera tout spécialement de la diffusion de de cette prière.
En outre, qu'il nous soit permis de souligner que
a ) c'était exactement l'an de naissance ( qu'on nous passe ce terme ) de la « Dévotion » ;
b ) Fra Leopoido n'avait à cette époque aucun rapport avec les Frères des Ecoles Chrétiennes: ce qui l'amena à comprendre que ce seraient des Frères de l'Alverne qui l'aideraient;
c ) la semaine en question se terminait par la tête de l'Exaltation de la Sainte Croix ( 14 septembre, vendredi, quand le Frère Anaclétus mit au point sa causerie ) et par la journée consacrée à la Vierge Douloureuse ( 15 septembre, samedi, quand le Frère Teodoreto écouta cette causerie et conçut son idée ).
Ces dates n'auraient pu être mieux choisies, pour une fondation qui tire son nom de Jésus Crucifié;
d ) par suite de la propagande faite par les Frères et par l'Union, la « Dévotion » sera bénie, en 1915, par un Pape, Sa Sainteté Benoît XV et elle sera de plus en plus diffusée en beaucoup de langues à des millions d'exemplaires;
e ) un an après la promulgation de la Constitution Apostolique « Provida Mater Ecclesia », le mouvement que l'Union représente, sera élevé au rang des Instituts Séculiers!
Ce premier écho d'il y a cinquante ans n'a-t-il pas eu son premier effet très heureux par ce retentissement prolongé, inopiné et inexplicable au point de vue humain?
Est-il hasardé d'en inférer que le doigt de Dieu est là?
Dieu veuille que dans la voie tracée par Lui et parcourue par le vénéré Frère Teodoreto, un grand nombre de Frères des Ecoles Chrétiennes multiplient l'exemple et la action d'Hermano Justo Angel, du Frère Joseph, de Fratel Saturnine d'Irmâo Apollinario José, de Broeder Macorat!
Notre-Dame de France : statue érigée au Puy en 1860
sur la plateforme du rocher Corneille ( alt. 757 m., hauteur de la statue 22 m. 70, périmètre 17 m., poids 835 tonnes ).
Cela dit, revenons - en à nos chroniques d'à présent.
On vient de créer une section de l'Union, au sein de laquelle on compte des élèves-catéchistes congréganistes et associés.
Les cours du soir et fériés se poursuivent régulièrement à l'école professionnelle, en dépit des difficultés causées par le manque de locaux nécessaires.
On a acheté un autre emplacement qui agrandit le terrain déjà disponible de manière à assurer une large superficie à l'immeuble, où l'on, espère s'installer bientôt et qui se nommera a Maison de Charité Arts et Métiers Fratel Teodoreto ».
Les travaux en seront commencés - c'est ce qu'on suppose - en mars 1957.
La 'bénédiction dé la première pierre est fixée, pour le 19 mars,, fête de St. Joseph.
La diffusion de la « Dévotion » est organisée dans toutes les classes, d'où cette prière se répand dans les familles et dans les paroisses.
En même temps,, on distribue des souvenirs du Frère Teodoreto. dont on a publié une autre édition.
On a obtenu de nombreuses adhésions à l'Union comme inscrits et comme zélateurs et l'on a adressé à Turin des comptes rendus de faveurs attribuées à l'intercession du Frère Teodoreto.
On persévère métodiquement dans la voie d'une propagande très efficace qui continue à donner des fruits abondants.
Voici des données statistiques éloquentes: 195S - 1860 membres de l'Union ( zélateurs ou inscrits ); 1956 - 2730.
On à presque doublé le nombre des membres.
En 1957 on veut atteindre au chiffre de 5000 zélateurs ou inscrits.
Tous nos voeux accompagnent cet effort qui a aussi en vue d'inciter les âmes les plus généreuses à se consacrer à l'apostolat catéchistique.
Très bien! Un pas après l'autre, on arrive …
C'est avec joie que nous publions ( page 61 de ce Numéro ) la photographie d'un vitrail que nous n'hésitons pas à définir comme unique.
Il n'en existe aucun autre, nulle part, pas même à Turin.
C'est au Scolasticat de Bogota qu'on l'a placé, dans la chapelle dédiée à Jésus Crucifié.
Ce vitrail de douze mètres carrés reproduit fidèlement l'image de la « Dévotion, ».
On répand les feuillets de la « Dévotion » et l'on témoigne d'une sympathique volonté d'approfondir la connaissance de l'Union et de ses oeuvres.
Nous avons été très agréablement frappés aussi par une autre photographie qui a été reproduite dans le Bulletin de l'Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes, no. 147, octobre 1956.
Nous en tirons l'extrait que voici: « San Antonio de Prado, maison de formation du District de Medellîn, a élevé un monument que distinguent le bon goût, l'art et la piété, à Nôtre-Seigneur Jésus Christ en croix, dans le but d'intensifier chez nos Frères et nos sujets en formation la dévotion au Saint-Crucifix d'après les normes données par Nôtre-Seigneur lui-même aux deux Serviteurs de Dieu, Frères Leopoldo. mineur, et Teodoreto, des Ecoles Chrétiennes.
Cette dévotion, dite du Saint Crucifix de Turin, est très fortement implantée non seulement chez nos jeunes Frères, mais encore dans tout le District de Medellin ».
Nous nous faisons un plaisir de publier cette photographie, page 54, pour la joie de nos lecteurs.
Pas besoin de dire que nous sommes très touchés de ces manifestations que suscite le cher pays colombien.
Vue tirée spécialement pour l'Union - Le Piry-en-Vela.y ( Haute Loire ).
Dans ce diocèse est né le T. H. Frère Nicet-Joseph F.S.C., Supérieur Général.
Au premier plan, on voit le Pensionnat Notre-Dame de France, où le T. H. Frère Supérieur Général résida de 1939 à 1946, d'abord comme soldat mobilisé à l'Hôpital Complémentaire installé dans l'établissement et ensuite comme professeur.
Par les soins du C.F. Directeur de l'école San Giuseppe, pour la formation des Frères indigènes, la « Dévotion, » a été traduite dans la langue du Tigré.
Elle a été imprimée sur place et tirée à cinq mille exemplaires.
Nous avons remplacé notre édition précédente de la « Dévotion » en polonais par une autre très récente qui s'enrichit d'une traduction très digne du point de vue linguistique.
On l'a imprimée à Turin ( 3.000 unités ).
Une première quantité a été adressée en Pologne.
D'abord nous devons exprimer ici nos vifs sentiments de reconnaissance au C. F. Directeur pour l'hospitalité fraternelle qui nous permit de concrétiser nos recherches au sujet des origines de la « Dévotion ».
Ce sont là des faveurs qu'on n'oublie point.
Le 2 septembre dernier on a réuni les anciens-élèves de l'Institut Catholique.
M. le dr. Carlo Tessitore, président de l'Union des Catéchistes de Turin, a assisté à cette réunion, au cours de laquelle on a discuté au sujet des difficultés qui s'opposent au développement de l'Union, à cause de la population scolaire flottante, dont nous avons parlé dans notre Bulletin de juin 1956.
Cette difficulté sera heureusement surmontée, quand l'Institut Catholique ouvrira aussi des cours de commerce pour des élèves externes résidant sur place.
On espère qu'on pourra mener bientôt à bonne fin cette entreprise.
Cela faciliterait de beaucoup rétablissement de l'Union à Neuchâtel.
N. B. Plusieurs Maisons des Frères se sont adressées à la Présidence de Turin pour obtenir des renseignements et des publications concernant l'Union et ses oeuvres.
Nous en remercions vivement les CC. FF. Directeurs de ces Maisons: Besançon ( France ), Cambrils ( Espagne ), Philippeville ( Algérie ), S. José ( Costa Rica ), Le Caire et Alexandrie ( Egypte ), La Havane ( Cuba ).