Échos des Frères  

B145-A7

( N. d. R ) - Si nous devions résumer dans cette rubrique le courrier qui nous est parvenu, jusqu'ici, des maisons des Frères relativement à leur activité en faveur de l'Union et de la a Dévotion », nous risquerions, cette fois, d'en publier une énumération trop monotone.

C'est que les maisons qui nous ont écrit, sont nombreuses, et leurs sujets sont les mêmes, à savoir:

a ) les « journées du T. S. Crucifix »,

b ) l'insistante demande de matérielpour mieux approfondir ce qu'est l'Union et son mouvement.

C'est pourquoi nous nous bornerons à les en remercier toutes ici, et de tout coeur, en leur exprimant

1. notre joie.

En effet, nous nous réjouissons beaucoup que, sous l'impulsion aussi des suggestions du « Calendrier religieux de l'Institut », ces « Journées du T. S. Crucifix » s'épanouissent en Italie et à l'étranger, enrichies souvent d'initiatives personnelles, et propres à taire pénétrer toujours davantage dans les coeurs ce culte envers Jésus Crucifié.

2. notre regret.

En effet, nous regrettons beaucoup que nous ne sommes pas à même de satisfaire dans un bref délai les nombreuses demandes de matériel concernant l'Union.

Le tirage réduit de nos publications rédigées en français s'est épuisé rapidement.

Toutefois, qu'on se rassure, nous ne perdons de vue ni les rééditions des textes épuisés, ni la traduction, en langue française, de la vie de Fra Leopoldo par le Frère Teodoreto.

Nous sommes même heureux d'annoncer que cette traduction est en préparation.

Entretemps, pour commencer à concrétiser quelque chose, nous allons publier ici, en résumé, le récit des faits qui sont à l'origine de la « Dévotion à Jésus Crucifié » et qui ont amené Fra Leopoido à en fixer la formule.

L'Union propose à ses membres de réaliser cette « Dévotion » dans leur propre personne, de manière à devenir comme autant de « dévotions » vivantes.

Ce premier contact avec les origines de la prière aux cinq plaises, en sera donc, à notre avis, très utile et, peut-être, même nécessaire.

Vers la " Dévotion "

L'épreuve

Des son enfance, Luigi Musso qui deviendra plus tard Fra Leopoido, eut pour Notre-Dame une dévotion toute particulière.

Il n'en eut pas autant pour Jésus.

'est le Serviteur de Dieu lui-même qui l'avoue en commençant son Journal.

Il était au service d'une noble famillede Vercelli ( Piémont ), comme cuisinier.

En novembre 1887, à l'âge de trente huit ans, il eut en songe la vision de Notre-Dame des sept douleurs, a très affligée, la tête noblement baissée.

Elle dit avec dou-eur : « Souviens-toi de ce qu'a souffert mon Fils! ».

Ce songe revêt une double signification, l'une implicite, l'autre explicite.

C'est-à-dire, il annonce à Luigi Musso une terrible épreuve et il l'exhorte à se souvenir de ce qu'a souffert Jésus, afin de parvenir à surmonter victorieusement toutes les difficultés de cette épreuve.

Son père étant mort et sa mère devenue invalide, le saint homme doit tâcher de gagner davantage et il trouve un emploi plus rémunérateur dans un collège, toujours àVercelli, comme chef cuisinier.

Son aide, pour les courses en ville, est un garçon de quinze ans, surnommé le « biondino » ( le petit blond ), lion chrétien, loin de sa famille, ne connaissant pas les dangers de la tdlle.

Le Serviteur de Dieu n'hésite pas à se ranger du côté de ce garçon pour le protéger et raffermir sa vertu.

Il lui enseigne le catéchisme.

Il le fait prier, le soir, le serviceterminé. A cause de son âge, le « biondino » ne peut pas prier aussi longtemps que son chef.

Il va donc se coucher, non sans se lever cependant, au cours de la nuit, poussé par la curiosité de voir si son chef est encore en prière.

"A quelque heure que ce fût, je le trouvais toujours recueilli dans la prière'', témoignera-t-il bien des années plus taril, au procès informatif diocésain.

L'orage éclate. Le magasinier du collège possède en ville une pension très fréquentée.

D'accord avec le concierge, il propose au cuisinier de détoruner, vers la pension, une partie des denrées destinées au collège.

Le cuisinier oppose un refus catégorique.

Commence alors une sourde hostilité qui aboutit bientôt aux plus lâches calomnies contre la pureté de l'homme de Dieu.

Le résultat de l'enquête qui s'ensuit, est "complètement négatif".

Mais le directeur craignant que les bruits puissent porter préjudice à la bonne réputation de son collège, finit par licencier l'innocent.

Celuici, de son côté, voulant préserver - à tout prix et autant qu'il est en son pouvoir - la candeur du "biondino", prend généreusement le parti de tout laisser tomber dans le silence, sans réagir en aucune manière contre l'injuste décision prise par son directeur.

Il quitte la maison, le coeur saignant, mais dignement calme, dans le souvenir de ce qu'a souffert Jésus pour le salut des hommes.

Ce faisant, le Serviteur de Dieu ne trouble point l'ordre des desseins que le Seigneur a sur lui.

Il change de ville et est embauché à Turin par une autre noble famille, comme cuisinier, vers la fin de 1889.

La vision de Jésus Crucifié

Une autre épreuve, beaucoup moins écoeurante. et qui se termine également dans le silence, amène Luigi Musso, au printemps de 1893, à changer de quartier et à louer une chambre ( puisque ses maîtres n'en ont point à lui donner chez eux ) sur le territoire de la paroisse.

San Dalmazzo. C'est ici que le saint cuisinier choisit comme directeur spirituel le P. Giulio Giuseppe Cozzi, barnabite: un religieux savant et exemplaire qui incite son pénitent à "ne pas être seulement dévot de la Très Sainte Vierge, mais aussi de son divin Fils Jésus ».

Les épreuves, endurées par amour de la Croix, ont broyé la créature et l'ont formée.

L'exhortation du directeur spirituel est reçue dans le coeur de son pénitent, comme la graine dans son propre terrain.

L'âme, déjà prête, est toute embrasée, et n'attend qu'un signe pour prendre son essor.

Ce signe c'est la vision de Jésus Crucifié que le Serviteur de Dieu a en songe, au château de Viale d'Asti, en été ou au début d'automne 1893.

"Je vis, en haut, Jésus Crucifié. A ses pieds, et les embrassant, se tenait une âme très belle, au visage très noble; elle baissait modestement les yeux, la tête un peu penchée: et sa robe était comme lumineuse.

Il me semblait être au ciel. Je regardai fixement cette vision très suave.

Peu d'instants après, elle disparut, en me laissant dans un état indescriptible de douceur que je n'oublierai point, tant que je vivrai". ( C'est Fra Leopoido lui-même qui en fait le récit ).

Ce songe c'est le prix décerné à l'homme de Dieu, victorieux de toutes les épreuves qui l'ont affligé cinq ans durant.

C'est le souffle, l'étincelle, le germe de la "Dévotion".

Ce songe marque le commencement d'une période nouvelle, au cours de laquelle le dévot du Crucifié, ainsi formé par tant d'épreuves, aboutira, une idée après l'autre, à fixer la formule de la "Dévotion", sous l'impulsion d'en-Haut et à la suite des circonstances qui indiqueront l'orientation du chemin à suivre.

Après la vision de Viole d'Asti qui deviendra à juste titre l'image caractéristique de la « Dévotion » ainsi que la bannière du mouvement de l'Union, il faudra que lapremière voix intérieure se fasse entendre ( 1894: "a l'avenir, il y aura une grande intimité entre Moi et toi!" );

il faudra que mûrisse chez Luigi Musso la décision de se consacrer entièrement à Dieu ( 1895 );

qu'au cours des années suivantes l'homme de Dieu accroisse sa ferveur, sa piété, son esprit de réparation, ses oeuvres de bien; il faudra qu'ait lieu, en songe, la vision de la Très Sainte Trinité et des âmes élues, souffrantes et perdues ( 1900 );

que surviennela mort de la mère du Serviteur de Dieu ( 1900 );

que ce dernier prenne la bure sous le nom de Fra Leopoido et qu'il soit desfine comme cuisinier au couvent San Tommaso ( 1901 );

qu'il médite, six ( innées de suite, pendant la Semaine Suinte, la liturgie du Vendredi-Saint ( 1901-1906 );

qu'il soit autorisé à placer dans sa cellule ce vieux crucifix qui avait été exposé, tant ( Vannées, te Vendredi-Saint, à l'adoration des fidèles prosternés, dans l'église San Tommaso ( 1906 ).

Il faudra tout cela avant que la « u Dévotion à Jésus Crucifié » soit fixée dans sa forme littérale ( 1906 ).

Et ce sera seulement en 1914 que cette, forme littérale, prendra sa forme vitale, avec la fondation de l'Union réalisée par le Frère Teodoreto: 9 mai 1914.

C'est pourquoi Fra Leopoido notera dans son. Journal. A la date du 29 juin 1914: Après qu'elle est restée cachée vingt ans et davantage, voici qu'enfin, comme il a plu au Seigneur, en cette année 1914 au mois de mai, la sainte Adoration-Dévotion a pris racine dans la Congrégation des Frères des Ecoles Chrétiennes".

Eté 1893 - mai. 1914. C'est e-cact. Vingt ans et davantage. Vingt ans et huit ou dix mois.

La conclusion qu'on peut notamment tirer de tout ce qui précède, est la suivante: la « Dévotion à Jésus Crucifié » a pour piédestal une terrible humiliation, reçue en pleine figure et endurée dans l'ombre, dans le silence.

S'il n'en eiït pas été ainsi; si les desseins de Dieu eussent été corrigés par la main de l'homme, le cours des événements eût été tout autre.

La « Dévotion » est donc le fruit de cette humiliation endurée- Voulant préserver la candeur d'un garçon, du « biondino », Fra l^eopoido - au moyen de la a Dévotion », par l'intermédiaire du vénéré Frère Teodoreto et de l'Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes - enflammera d'amour, dans le monde entier, d'innombrables jeunes gens pour "Notre très aimable Seigneur Jésus Crucifié"!

Il Colle La Salle, Roma, Centro dell'Unione per l'Italia di mezzo e meridionale.